Triumph of my King
Comme je viens de le dire la journée du 10 Janvier fut le triomphe de mon Roi, je le compare à l’entrée de Jésus à Jérusalem le jour des rameaux; comme celle de Notre Divin Maître, sa gloire d’un jour fut suivie d’une passion douloureuse et cette passion ne fut pas pour lui seul ; de même que les douleurs de Jésus percèrent d’un glaive le cœur de sa Divine Mère, ainsi nos cœurs ressentirent les souffrances de celui que nous chérissions le plus tendrement sur la terre… Je me rappelle qu’au mois de Juin 1888, au moment de nos premières épreuves, je disais : « Je souffre beaucoup, mais je sens que je puis encore supporter de plus grandes épreuves. » Je ne pensais pas alors à celles qui m’étaient réservées… Je ne savais pas que le 12 Février, un mois après ma prise d’habit, notre Père chéri boirait à la plus amère, à la plus humiliante de toutes les coupes…25
25. Le 12 février 1889, M. Martin dut quitter Lisieux pour enter à la maison de santé du Bon Sauver de Caen.
January 10, as I have just said, was my King’s day of triumph. I compare it to the entry of Jesus into Jerusalem on the day of the palms. Like that of our Divine Master, Papa’s glory of a day was followed by a painful passion and this passion was not his alone. Just as the suffering of Jesus pierced His Mother’s heart with a sword of sorrow, so our hearts experienced the sufferings of the one we cherished most tenderly on earth. I recall that in the month of June, 1888, at the moment of our first trials, I said: “I am suffering very much, but I feel I can still bear greater trials.” I was not thinking then of the ones reserved for me. I didn’t know that on February 12, a month after my reception of the Habit, our dear Father would drink the most bitter and most humiliating of all chalices.188
188. February 12, 1889, M. Martin had to leave Lisieux to enter a mental institution, the Bon Sauveur at Caen.
Ah! ce jour-là je n’ai pas dit pouvoir souffrir encore davantage!!!… Les paroles ne peuvent exprimer nos angoisses, aussi je ne vais pas essayer de les décrire. Un jour, au Ciel, nous aimerons à nous parler de nos glorieuses épreuves, déjà ne sommes-nous pas heureuses de les avoir souffertes ?… Oui les trois années du martyre de Papa me paraissent les plus aimables, les plus fructueuses de toute notre vie, je ne les donnerais pas pour toutes les extases et les révélations des Saints, mon cœur déborde de reconnaissance en pensant à ce trésor inestimable qui doit causer une sainte jalousie aux Anges de la Céleste cour…
Ah! that day, I didn’t say I was able to suffer more! Words cannot express our anguish, and I’m not going to attempt to describe it. One day, in heaven, we shall love talking to one another about our glorious trials; don’t we already feel happy for having suffered them? Yes, Papa’s three years of martyrdom appear to me as the most lovable, the most fruitful of my life; I wouldn’t exchange them for all the ecstasies and revelations of the saints. My heart overflows with gratitude when I think of this inestimable treasure that must cause a holy jealousy to the angels of the heavenly court.
Mon désir des souffrances était comblé, cependant mon attrait pour elles ne diminuait pas, aussi mon âme partagea-t-elle bientôt les souffrances de mon cœur. La sécheresse était mon pain quotidien et privée de toute consolation j’étais cependant la plus heureuse des créatures, puisque tous mes désirs étaient satisfaits…
My desire for suffering was answered, and yet my attraction for it did not diminish. My soul soon shared in the sufferings of my heart. Spiritual aridity was my daily bread and, deprived of all consolation, I was still the happiest of creatures since all my desires had been satisfied.